On a envie de dire que le collège est le niveau d’enseignement qui a été épargné par le ministère ces cinq dernières années. Mais le mal était déjà fait. Tout juste y a-t-il eu une atténuation des erreurs du passé récent. Les EPI ont été marginalisés. Certains programmes ont été améliorés. Mais le chantier reste conséquent et ne doit surtout pas prendre la direction souhaitée par Mme Lang entre autres.
Pour le SNALC, face à la baisse globale des dotations, il faut arrêter de dilapider les moyens dans des dispositifs expérimentaux dont l’intérêt n’est jamais prouvé. Il faut donc cesser de gaspiller les précieuses « marges d’autonomie » qui n’ont de marges que le nom tant ce sont des moyens sans lesquels des disciplines ne peuvent être enseignées correctement.
Bien sûr, il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ainsi, « devoirs faits » a du sens lorsque ce dispositif est employé à bon escient. Il faut juste bien penser les objectifs qui lui échoient. En effet, aider un élève à acquérir une bonne méthode de travail et lui permettre de consolider les acquis du cours sont des éléments porteurs. Cependant, lorsque l’on a appris à faire du vélo, il faut à un moment enlever les roulettes. Seuls ceux qui en ont réellement besoin doivent continuer à en bénéficier pour ne pas finir dans le fossé.
Car la marge sert à tout, même à des projets insensés.
Pour le SNALC, elle doit être utilisée pour permettre aux cours de se faire dans de bonnes conditions. Il en va notamment de la survie des lettres classiques dans notre pays. Et sans latin ni grec, c’est la culture des futures générations qui est affectée, la connaissance du français qui est réduite et le niveau des futurs étudiants en médecine, en sciences, lettres ou ailleurs qui est appelé à décroître (encore). Mais d’aucuns diront que les « langues anciennes » sont une niche. Alors convoquons les sciences, les langues vivantes, ou même les mathématiques le français et l’histoire géographie qui auraient souvent grand besoin de bénéficier d’effectifs réduits.
Car qui a exercé en collège ces dernières années sait que faire progresser des élèves à plus de trente par classe, avec une proportion de « dys », un soupçon de troubles du spectre autistique et une pincée d’élèves en situation de handicap relève de la gageure, en langue vivante comme ailleurs.
Là est le nœud du problème du collège. Là est une cause de souffrance au travail. Les professeurs sont empêchés de remplir leur mission par l’institution qui leur confie.
Et le comble est atteint lorsque cette même institution qui a rogné les heures d’enseignement et surchargé les classes met en place des journées de ceci, des ateliers de cela sur fond de valeurs et retire encore des heures de cours à des élèves en manque de connaissances.
Pour le SNALC, le vrai chantier du collège est d’élever la connaissance des élèves afin de leur permettre de poursuivre ensuite une scolarité sereine et à même de les faire évoluer pour devenir des citoyens à part entière. Il ne peut s’agir de poursuivre une scolarité primaire mâtinée de compétences psycho-sociales creuses et de valeurs mouvantes selon le pouvoir en place.