Jeudi 13 janvier: plus forte mobilisation depuis 20 ans ! Ce n’est pas une grève contre le virus, c’est une grève de tous les personnels pour dénoncer le mépris de la hiérarchie.
Maxime Reppert, secrétaire national aux conditions de travail, réagit sur CNEWS.
[…]
Journaliste :
Maxime Reppert nous a rejoints. Bonjour, vous êtes secrétaire national du SNALC, le syndicat national des lycées, collèges et écoles. Première question puisque vous êtes en direct avec nous, a-t-on les premiers chiffres sur le suivi de cette grève depuis ce matin ?
Maxime Reppert :
Oui, dans le premier degré nous avons environ 75 % de grévistes et une école sur deux est fermée. Dans le second degré, collèges et lycées, ce chiffre est de 62 %.
Journaliste :
On dit beaucoup que c’est quasiment du jamais vu depuis une vingtaine d’années, c’est aussi votre analyse ?
Maxime Reppert :
C’est du jamais vu, il y aussi des fédérations de parents d’élèves, notamment la FCPE qui soutient ce mouvement, mais également le syndicat des inspecteurs.
Journaliste :
J’entendais certains ironiser un peu sur ce mouvement et qui disaient « ils font grève contre un virus ».
Maxime Reppert :
Non, sauf si Monsieur Blanquer se qualifie lui-même de virus auquel cas oui. Ce n’est pas du tout cela. Il faut bien comprendre qu’il y a un ras le bol face à cette crise sanitaire et notamment face au mépris que ressentent tous les personnels, et je ne parle pas que des profs. Il ne faut pas oublier les équipes de vie scolaire, les personnels de santé, les personnels administratifs, tout le monde se sent, je pèse mes mots, abandonné et méprisé.
Journaliste :
Abandonné et méprisé par qui ?
Maxime Reppert :
Tout simplement par un gouvernement qui ne communique pas avec les personnels de l’Éducation nationale, qui ne les protège pas suffisamment. Justement à ce propos, je vous présente ce qu’on appelle communément les masques “slips”, voyez pour protéger face à Omicron, nous avons pour l’année 5 masques en tissu ! C’est la version 2 puisque la première version était traitée avec un produit chimique plus ou moins nocif ; ils ont été remplacés par ces derniers.
Journaliste :
Donc vous avez changé de slip en fait.
Maxime Reppert :
Exactement.
[…]
Maxime Reppert :
Madame la député, j’entends très bien ce que vous me dites, il faut tout de même m’expliquer que début janvier, nous avons eu des consignes de notre ministre, diffusées dans un journal, un article payant qui plus est, la veille entre 15h et 16h pour le lendemain matin 8h. Imaginez un peu le désarroi dans lequel nous sommes actuellement. Imaginez, vous êtes maman, je suis papa de deux jeunes enfants, j’ai fait un test salivaire à mon fils de trois ans, ce qui a pris trente minutes. Imaginez la problématique qui se pose pour les enfants, pour les parents. Il y a un manque d’anticipation qui est cruel, qui est alarmant. Je n’ai pas apprécié les propos du ministre parlant de grève contre le virus. Je pense qu’à un moment donné il faut prendre ses responsabilités en main, prendre le problème différemment car cela n’a pas été du tout anticipé. Nous réclamons des mesures simples depuis un an et demi, nous ne les avons pas obtenues. Les syndicats, et le SNALC, n’ont pas été écoutés. Je tiens vraiment à dire qu’on a eu le sentiment d’être des pions, on nous envoie au travail parce qu’il faut garder les enfants. Il y a des collègues qui pensent être plus dans la garderie nationale que dans l’Éducation nationale.
Journaliste :
Ce désarroi, Maxime, si je peux me permettre, j’aimerais qu’on l’écoute grâce à un extrait déjà diffusé dans cette émission. C’est le mari d’une prof qui avait appelé nos confrères de France Inter, qui était en larmes car à bout de ces changements de règles en permanence. Je vous propose de l’écouter et d’en parler ensuite ; c’est vraiment une situation que vivent visiblement beaucoup d’enseignants et de familles d’enseignants.
[…]
Maxime Reppert :
Juste une chose, vous me parlez de problèmes de communication et de contexte, j’aimerais vous poser une question madame la député. Comment se fait-il qu’avec cette crise sanitaire que nous vivons depuis deux ans, comment se fait-il qu’à cette rentrée en septembre 2021, on ait supprimé 1800 postes dans le second degré ? Pouvez-vous m’expliquer pourquoi en dépit de ce contexte sanitaire on a maintenu la suppression des postes, conscients, c’est le conseil scientifique qui le dit, que l’épidémie n’était pas derrière nous mais encore devant nous ? Comment cela se fait-il que nous avons continué cette politique de suppression ?
[…]
Je ne fais pas de l’anti-Blanquer, néanmoins, il faut revenir à l’essentiel : c’est l’humain, c’est de la souffrance, c’est l’épuisement des personnels enseignants et non enseignants, il faut vraiment tenir compte de cela !