Après l’assassinat par un homme radicalisé d’un enseignant, le gouvernement tente de trouver le moyen d’améliorer la protection des écoles, collèges et lycées.
Maxime Reppert, vice-président du SNALC, syndicat de l’école au supérieur, répond aux questions de Thibaut Chevillard pour le 20 minutes le 16 octobre 2023.
Panique dans les établissements scolaires. Trois jours après l’assassinat, à Arras (Pas-de-Calais) d’un enseignant par un jeune homme radicalisé, le gouvernement a pris, en urgence, une série de mesures destinées à améliorer la sécurité des écoles, des collèges et des lycées. La Première ministre, Elisabeth Borne, a notamment décidé de « rehausser la posture Vigipirate au niveau urgence attentat ». Pour les policiers, cela implique « de renforcer la surveillance et le contrôle aux abords des établissements scolaires », indique un document signé par Céline Berthon, la directrice générale adjointe de la police nationale, consulté par 20 Minutes. Les fonctionnaires sont notamment invités à procéder à des « contrôles d’identité » et à des « fouilles de véhicules » aux abords de ces lieux d’instruction.
« La sécurisation physique des établissements » scolaires doit « demeurer une mission permanente » des policiers « dans le cadre de leurs patrouilles quotidiennes », insiste la commissaire divisionnaire. Céline Berthon demande aussi à ses troupes d’évaluer sans tarder « les besoins de la communauté éducative » lors de réunions organisées avec les chefs d’établissements. Ces rencontres pourront déboucher, écrit-elle, sur la « réalisation d’audits de sûreté », « l’élaboration » de « diagnostics de sécurité partagés » et sur « l’organisation, dans les écoles, d’exercices “attentat-intrusion” impliquant la police nationale ». Dans sa note, elle demande également aux policiers d’analyser les « signaux faibles ou forts » et de faire remonter « l’information pour tout fait pouvant être rattaché à la lutte contre le terrorisme ».
« Portiques », « vigiles », « vidéosurveillance »
Le ministre de l’Education a, pour sa part, annoncé le déploiement de 1.000 personnels de sécurité du ministère dans les établissements scolaires. Il s’agit d’un dispositif créé en 2010 et destiné à lutter contre la violence scolaire. Concernant la sécurité de ces bâtiments scolaires, Gabriel Attal a annoncé, dimanche soir, sur TF1, qu’il réunira cette semaine « l’ensemble des collectivités locales », pour discuter « sans tabou ». « Il y a plein de pistes, de solutions qui sont sur la table », a-t-il expliqué, évoquant « des portiques », des « vigiles », ou de « la vidéosurveillance ». Selon nos informations, le ministre a prévu de rencontrer, mardi matin, les représentants des organisations syndicales de l’enseignement afin de faire le point, avec eux, sur la question (récurrente) de la sécurité des établissements scolaires.
« Nous ne sommes pas défavorables à l’idée d’installer des portiques aux entrées. Cela permettrait de régler certains problèmes, mais pas tous », explique à 20 Minutes Maxime Reppert, vice-président national du Snalc (syndicat national des écoles collèges et lycées). « Déjà, je ne suis pas sûr que ça soit réalisable d’en mettre partout, car cela coûte cher et cela prend du temps », note le syndicaliste, qui déplore qu’on rentre dans ces lieux « comme dans un moulin ». Selon lui, il « manque du personnel » dans les établissements scolaires, « et pas seulement des enseignants ». « Mais il n’y a pas que ça. Aujourd’hui, lorsqu’un professeur suspecte un élève d’avoir quelque chose dans son sac, il ne peut pas, car le sac est un bien privé. » Maxime Reppert déplore que soient régulièrement découverts « des objets qui n’ont rien à faire dans des écoles » comme des « armes blanches ou des mortiers d’artifice ».